Céline de Carrément Bijoux se prête cette semaine au jeu des questions réponses. Merci et bonne lecture.
Telle Qu'elles : Papier SVP ? Nom, Prénom, âge.
Céline Joubert Morcillo : Céline Joubert Morcillo, 30 ans cette année, mariée, un petit garçon de 3 ans 1/2.
TQ: La première remarque qui me vient à l’esprit – encore une qui vend des bijoux parce qu’elle sait pas quoi faire. Voilà t’entends parler du E-Commerce comme une super idée pour « faire du fric », et tu t’engouffres dans la brèche. A part porter toi-même des bijoux, tu t’y connais en joaillerie ?
CJM: Alors en joaillerie moins qu'en bijouterie fantaisie, dommage! C'est vrai que le secteur du bijou est très conccurentiel sur Internet, mais je pense que c'est aussi un challenge passionnant d'essayer de se démarquer des autres avec une image et un concept très personnels.
Je travaille dans le secteur du bijou et de l'accessoire depuis l'obtention de mon BTS de stylisme de Mode, puisque j'ai voulu, dès mon diplôme obtenu, me spécialiser dans les accessoires de mode.
J'ai exercé en tant que styliste - assistante de direction dans une entreprise lyonnaise pendant 3 ans. Je gérais avec mon patron la création des collections de bijoux fantaisie, la mise en place en boutiques, le suivi de collections...
Disons que j'adorais mon job, mais que j'avais déjà dans l'idée de travailler pour mon propre compte: on me faisait bien comprendre au sein de l'entreprise que mon investissement dans le travail primait sur ma vie de famille (je n'étais pas encore maman à l'époque, mais j'avais très envie de ne pas trop attendre!), s'ensuivit une énorme pression allant parfois jusqu'au harcèlement moral...
J'ai démissionné au bout de 3 ans dans un réel souci de me préserver...
TQ: CJM: Atroce – tu es la xième à m’avouer avoir subi des pressions par rapport à ton souhait de maternité de la part de ton employeur. Dur. Bon tu te mets à ton compte – vieux rêve – mais avoue t’avais des sous derrière. La famille, le mari, « la française des jeux » ?
"La française des jeux" j'aurais bien aimé, ça m'aurait évité bien des tracas!
Je reconnais que j'ai eu de la chance d'avoir un soutien familial, tant financier que moral bien sûr, c'est important. J'ai donc pu commencer l'aventure de la création d'entreprise il y a 2 ans et demi en fonds propres, chose que j'ai un peu regrettée par la suite, puisque j'ai obtenu un Prêt à la Création d'Entreprise pour continuer de développer la boutique. C'est vrai que les frais sont réduits en travaillant de chez soi, mais je n'avais pas forcément bien évalué au départ les frais de communication sur Internet, étant relativement novice en la matière au lancement de la boutique. J'ai donc beaucoup appris par moi-même sur le net.
TQ: Tu as pris des risques, c’est gonflé surtout quand on a un petit bout. Mais là entre nous l’après-midi c’est café-gâteaux avec les copines. Ca feuillette du « Elle » et raille toutes ces femmes liposucées, liftées et que « même-pas-vos-hommes-en-voudraient-tellement-elles-sont-maigres ». J’veux dire, c’est pas un vrai travail ton affaire, plus un caprice ?
CJM: Feuilleter "Elle" et les autres j'adore! Mais pour me tenir informée des tendances, de l'air du temps... Et les après-midi salon de thé, je les garde pour le week-end!
C'est vrai qu'au départ, c'était mon combat quotidien de faire comprendre aux gens que oui, j'avais un vrai travail! Surtout que je me paie le luxe de vivre à la campagne, où il faut bien reconnaître (sans généraliser bien sûr) que référencement, e-boutique et e-marketting sont parfois encore des mots barbares!
Maintenant j'essaie de ne plus me justifier, je fais ce que j'ai à faire, et je défie quiconque de passer une journée de semaine à la maison avec une Mompreneur, et de voir quel rythme de travail nous avons! Mon ordinateur, portable bien sûr pour me suivre partout dans la maison, est connecté de 7H30 le matin à 23H le soir (je n'arrive pas à travailler la nuit!). Il y a du linge qui traîne à la maison, le repassage qui n'est pas fait... je suis obligée de m'organiser comme si je travaillais à l'extérieur!
TQ: Mazette, tu bosses vraiment ! Euh tu n’en faisais pas autant avant en ayant un salaire cette fois-ci ? Y a pas un côté maso dans cette démarche, dans le style je veux ma boîte à moi qu’elle soit viable ou non ?
CJM: La chose la plus importante pour moi, et que je n'avais pas en étant salariée, c'est le loisir d'organiser mes horaires de travail en fonction de mon fils. Je suis là pour l'emmener à l'école, les rendez-vous chez le médecin, et le regarder évoluer et jouer à côté de mon bureau depuis sa naissance. Ce sont des choses qui n'ont pas de prix!
C'est vrai que mes revenus sont encore irréguliers, mais c'est un choix, puisque je ré-investis encore beaucoup pour la boutique: les collections pour homme et enfants et les montres sont venues enrichir mon catalogue depuis l'année dernière, et je prépare de grandes nouveautés puisque je reviens à la création et que je vais lancer en fin d'année ma propre collection de bijoux. Une campagne de communication suivra.
Et qui a dit que ma boîte n'était pas viable? Mon chiffre double d'année en année, et mes clients sont satisfaits, que demander de plus?
TQ: OK. Gérer un site marchand c’est le créer, chercher des fournisseurs, lancer des campagnes de marketing… Comment répartis-tu ton temps de travail ? En quoi les réseaux t’ont-ils aidé aussi ?
CJM: Je ne vous apprendrai rien en vous disant qu'il est important de bien s'organiser: ma priorité est de gérer au jour le jour les commandes que je reçois, puisque je tiens à les préparer et à les expédier dans les meilleurs délais. Je consacre aussi du temps à mes clients, je prends toujours le temps de répondre à leurs messages, c'est très important d'après moi.
Ensuite je consacre le plus d'heures possibles au référencement de ma boutique, recherche de partenariats, publications d'annonces et de communiqués... Et pour ce qui est de l'actualité du blog, de la mise en page du site ou de la recherche de fournisseurs, on va dire que je fais cela le soir ou le week-end!
Pour ce qui est des réseaux, découvrir l'existence du groupe des Mompreneurs a été pour moi une véritable bouffée d'oxygène! Je l'ai dis plus haut, je vis en milieu rural, et le réseau m'a permis de sortir de l'isolement dans lequel je travaillais, avec les coups de blues et les doutes que cela entraîne.
C'est génial de pouvoir échanger avec des mamans qui ont le même quotidien que soi. Depuis que j'ai rejoint le groupe en début d'année, les choses ont beaucoup bougé et nous essayons, toutes à notre niveau, d'être le plus actives possible pour le réseau, qui se développe aussi en région!
TQ: En résumé, tu ne peux pas encore te verser de salaire, travailles environ 10h par jour mais si j’ai bien compris tu vois ton enfant grandir, a choisi ton lieu d’habitation, propose bientôt tes propres créations… en résumé tu as l’air heureuse et épanouie. Elle est où la formule magique du e-commerce ?
CJM: Je pense en effet que nous faisons beaucoup d'envieux(se)! Mais par rapport à tout ce que je vous ai dit plus haut, je ne sais pas si on peut parler de formule magique, parce que rien n'est simple!
C'est vrai qu'Internet nous offre la possibilité de concilier vie de famille et vie professionnelle, et personnellement, je confirme que c'est très épanouissant!
TQ: Et pour terminer : Quels seraient tes conseils en tant que femme, maman, et entrepreneure pour se lancer dans l'aventure du e-commerce tout en gardant un équilibre de vie ?
CJM: Tout d'abord, je pense qu'il est très important d'avoir le soutien de son conjoint et de sa famille proche, parce qu'au final, c'est toute la famille qui est embarquée dans l'aventure! J'ai déjà mis souvent à contribution mon mari et ma maman dans l'entreprise, que ce soit pour préparer les commandes, la compta ou pour garder mon fils!
Il faut aussi faire attention à consacrer suffisament de temps à son travail (pas évident quand on est à la maison) et inversement, à sa famille (Internet est souvent très chronophage). Par exemple les congés estivaux sont pour moi vitaux pour se retrouver en famille et respirer!
Enfin je dirais qu'il faut énormément croire en son projet, croire en soi, faire le point sur ses compétences et foncer! Et ne pas hésiter à se faire aider pour les sujets qu'on maîtrise le moins.
Je considère qu'à l'heure actuelle c'est une chance incroyable de pouvoir exercer une activité que j'aime et dans laquelle je m'épanouis... et ce n'est pas fini!
CQFD !